Quand un médecin dépiste un cancer de la prostate, une opération qui consiste à enlever la prostate chirurgicalement peut être indiquée. Dans ce cas, le chirurgien fera son possible pour conserver les bandelettes qui contiennent les nerfs érecteurs. Mais cela n’est pas toujours possible, ces nerfs passant très près de la prostate, ils doivent parfois être sectionnés pour que l’on puisse ôter tout le tissu atteint par le cancer.
En cas de prostatectomie avec section des bandelettes, la prostatectomie radicale entraîne un taux de récupération de la fonction érectile inférieur à 5% (3). C’est donc un énorme problème d’érection garanti. Cela ne se discute pas si la vie est en jeu bien sûr. Mais cela n’empêche pas d’essayer de faire mieux.
Donc, les chirurgiens, quand c’est possible, conservent les bandelettes.
Ensuite, ils proposent des injections intracaverneuses qui sont efficaces pour provoquer des érections.
Et puis, ils peuvent proposer d’utiliser un vacuum associé à un anneau pénien.
Il reste encore la possibilité de l’implant pénien.
Certains chirurgiens explorent une autre voie. Ils tentent de procéder à des greffes de nerfs quand ils sont obligés de sectionner les nerfs érecteurs. Ils prennent un bout de nerf dans la jambe (nerf sural par exemple) afin de le fixer sur les bandelettes sectionnées..
Pourtant, il n’est pas certain que cette technique puisse fonctionner.
Pourquoi ?
Le nerf sectionné, pourrait dégénérer dans la partie distale.
Nous ne savons pas s’il est vraiment capable se régénérer à partir de la partie proximale, c’est à dire celle qui continue à recevoir l’influx de la moelle. Car ces nerfs ne sont pas les mêmes que ceux qui innervent les muscles volontaires et où l’on va prélever le greffon. Les nerfs érecteurs ne possèdent pas de gaine de myéline comme les nerfs des muscles volontaires. D’autre part, les sutures ne sont pas facile à réaliser, car les deux nerfs que le chirurgien doit rapprocher n’ont pas la même taille : les nerfs greffés font 1,5 à 3 mm de diamètre, alors que les nerfs érecteurs sont de tout petits filets nerveux de moins de 1 millimètre. On va donc faire une greffe d’un nerf gros et pourvu d’une gaine de myéline sur de petits filets nerveux sans gaine de myéline.
De plus, lors des manipulations, les extrémités des nerfs que l’on met en contact sont écrasées par des clips.
Des chirurgiens (2) ont étudié le résultat de telles greffes réalisées sur des hommes qui avaient de bonnes érections avant l’intervention. La greffe a été réalisée au cours de l’intervention de prostatectomie radicale.
On a considéré qu’une érection postopératoire correcte était une érection qui permettait les rapports sexuels avec ou sans médicament en comprimé associé.
Cinq ans après l’intervention, 34 % des hommes présentaient une érection suffisante pour une pénétration (avec ou sans médicament), et 11 % des érections vraiment valables. Aucun facteur étudié ne semble avoir une action significative sur les résultats, ni l’âge, ni le type de nerf utilisé comme greffon (plusieurs sortes de nerfs tous prélevés sur les membres inférieurs ont été testés), ni le fait d’avoir subi une radiothérapie, ni le fait de suivre une hormonothérapie, ni la comorbidité (maladies associées), ni les différents médicaments.
Conclusion : la greffe de nerfs érecteurs est peut-être intéressante à condition de la pratiquer chez des patients sélectionnés. Elle n’est pas efficace chez la majorité des hommes. Mais il serait indispensable de réussir à définir les critères qui permettraient d’espérer une efficacité chez un homme donné.
(1) : RABBANI F., STAPLETON A.M., KATTAN M.W., WHEELER
T.M., SCARDINO P.T. Factors predicting recovery of erections after
radical prostatectomy. J. Urol., 2000, 164, 1929-1934.
(2) : J Urol. 2007 Feb;177(2):664-8.
Bilateral cavernous nerve interposition grafting during radical retropubic prostatectomy: Memorial Sloan-Kettering Cancer Center experience. Secin FP, Koppie TM, Scardino PT, Eastham JA, Patel M, Bianco FJ, Tal R, Mulhall J, Disa JJ, Cordeiro PG, Rabbani F. Departments of Urology and Plastic Surgery, Memorial Sloan-Kettering Cancer Center, New York, New York 10021, USA.
Une réflexion au sujet de « Érection : quels résultats donnent les greffes des nerfs érecteurs ? »
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